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La Main à l’Oreille
14 impasse des Jardins
94230 Cachan
lamainaloreille@gmail.com
Dans le champ de l’art brut, ces mondes « habitables » – et le plus souvent « habités » – sont, paradoxalement, le fait de ceux que l’on croit absents au monde. Qu’ils les inventent ou qu’ils les investissent, ces projections non seulement les reterritorialisent, les abritent, mais offrent dans le même temps à leurs auteurs de fonder une nouvelle échelle des valeurs ; un ensemble de règles localisées et s’avérant plus praticables pour qui cherche à se délester du poids de la norme aliénante.
Ces villes labyrinthiques, ces Xanadu, ces fiefs, ces plans, ces cartographies se transforment en demeures – au sens d’Etienne Martin – capables, même, de se muer en paradis ou propices à devenir le siège de cosmogonies personnelles. Elles sont pleinement fondatrices et l’on comprend donc pourquoi les artistes bruts s’emploient, comme Rimbaud, « à trouver le lieu et la formule » à travers elles. Il est à noter, d’ailleurs, que la familiarité que l’on peut ressentir à la contemplation de certaines – après tout, la science-fiction et l’art moderne ont élargi notre catalogue de formes – n’est bien souvent qu’un heureux leurre qui masque le profond hiatus qui nous tient à distance.
Cependant, chacune des œuvres de cette trentaine d’artistes réveille en nous l’âme de l’enfant bâtisseur, émerveillé de ses propres trouvailles, abolissant et le temps et l’espace, jouant à se réaliser dans cet outremonde que lui révèle son imagination.
artistes présentés :
didier amblard, giovanni bosco, kostia botkine, bruno buissonnet, john devlin, sebastian ferreira, johann fischer, pépé gaitan, alexandro garcia, hassan, anton hirschfeld, josef hofer, jacqueline b., raphaël leonardini, oscar morales, albert moser, roberto o’farril multan, heinrich reisenbauer, prophet royal robertson, josé johan seinen, patrick siegl, carlo stella, leopold strobl, yuri titov, oswald tschirtner, pépé vignes, august walla, Enzo Schott.
Les vidéos d’Enzo
À l’inverse de l’utopie, l’hétérotopie existe bel et bien comme un contre-espace, un lieu d’accueil pour ce que Harald Szeemann qualifiait de « mythologie individuelle ».
De même, un tel lieu n’est pas sans évoquer les lignes d’erre de Fernand Deligny, le locus solus de Raymond Roussel ou le mont analogue de René Daumal. Les premières tentant de fixer la poétique des déambulations dans un territoire défini, le deuxième décrivant les énigmes pouvant peupler un tel endroit et le dernier offrant un paysage mental symbolique dont le gravissement s’apparente à un rite initiatique.